mardi 2 août 2016

La dégustation du vin, un art, une science ou n’importe quoi?

On entend souvent parler de « l’art de la dégustation du vin.» Il n’y a pourtant pas de prouesse artistique à boire un verre de rouge, mais ici le mot art est utilisé dans son premier sens de «moyen pour obtenir un résultat », comme quand on dit l’art de faire quelque chose. Certains préfèrent parler de « science de la dégustation.» Là encore le mot science est utilisé dans son sens de « savoir-faire » et non dans celui de connaissances basées sur des relations objectives mesurables. Selon le dictionnaire Robert, science est d’ailleurs synonyme d’art dans ce contexte.

Personnellement, je préfère utiliser la terminologie de «technique de dégustation.» Cette opération est basée sur une méthode qui vise à déterminer un ensemble de caractéristiques qui décrivent le vin dégusté sur 3 plans : son aspect visuel, ses arômes (odeurs) et ses saveurs. Ceci explique le cérémonial suivi par les dégustateurs qui inclinent le verre pour observer le visuel, puis plongent leur nez dans la coupe pour sentir les arômes et enfin mâchouillent le vin en bouche pour percevoir l’ensemble des saveurs perçues par leurs papilles. Ils peuvent ensuite le recracher afin de garder leurs esprits lorsqu’ils dégustent de nombreux vins dans une même journée.

L’écriture de ces caractéristiques est ce qu’on appelle une note de dégustation, à ne pas confondre avec la note chiffrée que certains critiques utilisent pour indiquer le niveau de qualité d’un vin. Un texte de critique de vin va au-delà d’une simple note de dégustation. Il reprend les caractéristiques que le dégustateur juge les plus marquantes et insiste sur ce qui le rend plus ou moins agréable, selon lui.

Abordons maintenant la grande question que se posent les gens qui ne connaissent pas le vin: quelle est la valeur d’une telle méthode? Donne-t-elle un résultat scientifique ou est-ce seulement un étalage de jargon plus ou moins snob?

Effectuée par un dégustateur expérimenté, cette méthode permet de livrer des résultats quasi-scientifiques. Évidemment, ce ne sont pas des mesures chiffrées comme celles qu’on obtient avec un appareil d’analyse, d’où le préfixe quasi. Mais c’est en se basant sur de telles dégustations que les œnologues prennent leurs décisions à chaque étape de la production. Et en côtoyant de tels spécialistes, on est souvent déconcerté du niveau de précision de leurs palais.

Par contre, il faut reconnaître qu’il existera des variations entre les résultats obtenus par des dégustateurs différents. Nos papilles ne sont pas identiques d’un individu à un autre. Le résultat est une description et non une mesure chiffrée.


De plus, on ne percevra pas beaucoup de détails à nos premières dégustations. Il faut de la pratique. Et pour s’affranchir des conditions d’une dégustation, par exemple des vins bus précédemment, cela en demande encore plus. C’est sans doute pourquoi vous pouvez lire certaines expériences qui dénigrent la valeur de la dégustation. En général elles prétendent « démontrer » qu’on peut facilement influencer un dégustateur pour lui faire dire qu’un vin bon marché est meilleur qu’un grand cru ou autre loufoquerie du genre.

En réalité, ce sont ces expériences qui sont elles-mêmes fortement biaisées. Soit elles utilisent des dégustateurs novices qui sont facilement perturbés, par exemple par l’ordre des vins dégustés. Soit elles utilisent des dégustateurs plus expérimentés qu’on aura déstabilisé avec de fausses informations. Avec de telles méthodes, même les expériences scientifiques perdent toute fiabilité.

Évidemment, nous n’avons pas pu répondre à toutes les questions sur la dégustation du vin en un seul texte. Ceci est un début et nous allons revenir sur le même sujet bientôt. N’hésitez pas à nous faire part de vos questions en utilisant la fonction commentaire ou via les médias sociaux.

À la bonne vôtre !

Alain P.


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